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Une histoire vécue sous le double signe
de la fierté et de l'humilité

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La Gigue de la rivière Rouge
par Alexandre Tétrault
(Production TiBert et Douzie)

Ici, nous examinons les deux drapeaux de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba. Dès sa fondation, l’organisme a répondu au besoin d’affirmer la présence des Métis francophones. Écoutez la musique du violoniste Alexandre Tétrault et lisez leur histoire.

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En entrant par le portail du Musée de Saint-Boniface, tournez à gauche et placez-vous face à la Statue de Louis Riel. La statue est située du côté nord de la cour avant.

CALEPIN HISTORIQUE

 

Article de Bernard Bocquel sur les événements qui ont mené à la création et la perpétuation de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba, photos historiques de la famille et des amis de Louis Riel. 


Bref survol de l’histoire de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba - Une histoire vécue teintée à la fois de la fierté et de l’humilité métisse


Évoquer en quelques minutes les 135 ans d’existence de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba, c’est possible, mais uniquement en acceptant de mettre en valeur les contributions de certaines personnalités à des moments charnières de l’histoire si riche en événements de notre association.

Dès sa fondation, l’Union répondait au besoin d’affirmation des Métis canadiens-français, eux dont la contribution à la fondation de la province du Manitoba avait été déterminante en 1870. En ce temps-là, la meilleure façon de manifester sa force sociale et de préserver son influence était de former une organisation.

Il faut savoir que l’Église catholique jouait un rôle très important à cette époque. Monseigneur Taché, l’archevêque de Saint-Boniface, était très respecté. Il voulait que lesMétis adoptent le saint patron des Canadiens français comme leur saint patron. Mais les Métis ne s’identifiaient pas à saint Jean-Baptiste. Ils voulaient se mettre sous la protection de saint Joseph.

On a tenu compte de leur désir en 1884, au moment des troubles dans le Nord-Ouest. Les Métis ont alors obtenu le droit de célébrer sous le patronage de saint Joseph.

Après le traumatisme de la pendaison de Louis Riel survenue le 16 novembre 1885, l’élite métisse du Manitoba était bien décidée à garder vivante la mémoire calomniée de leur chef.

C’est pourquoi, dès l’été 1887, un groupe resté fidèle à Riel a profité de ce moment de l’année où se tenaient les grands pique-niques pour fonder une association métisse, bien sûr placée sous le patronage de saint Joseph.

Pendant la vingtaine d’années qui a suivi, des personnalités comme Simon St-Germain et Martin Jérôme ont veillé à assurer un certain poids politique aux Métis, ce qu’ils ont pu réaliser en s’appuyant sur l’Union métisse Saint-Joseph.

À la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, le grand événement social annuel des Métis, le pique-nique, était une fête autant patriotique que religieuse, qui consistait à célébrer notre particularité comme Métis. Ce rituel d’affirmation est devenu plus concret en 1906, lorsque l’Union a érigé un monument à Saint-Norbert, à l’endroit précis où les résistants de 1869 avaient dressé une barrière pour empêcher l’entrée des représentants du Canada à la Colonie de la Rivière-Rouge.

Mais cette grande première, ce premier geste public fort associé à Louis Riel, n’était considéré que comme un premier pas. Les Métis politiquement engagés voulaient mieux s’organiser. Ils voulaient que les Métis soient plus présents dans la société manitobaine.

Ce grand moment est arrivé en 1910, quand Roger Goulet, éducateur hautement respecté, a pris la tête de l’Union métisse Saint-Joseph. Le fils du martyr Elzéar Goulet est autant respecté par les Métis anglophones que par les Canadiens français. Roger Goulet et ses supporteurs se donnent comme ambition de soutenir leurs frères et sœurs métis partout dans la province.

C’est pour cette raison louable qu’on a ajouté l’adjectif « national » au nom de l’association. Dorénavant, on parlera de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba.

Malheureusement, les bonnes volontés ne suffisent pas à changer les choses durant une période où l’économie est en crise et où l’argent manque. Un malheur supplémentaire vient ruiner tous les espoirs de lancement d’une nouvelle dynamique nationale : la guerre mondiale déclenchée en 1914. À la fin de la guerre, on se limite surtout à assurer la survie de l’organisation. Le défi est de taille, car les fondateurs sont maintenant âgés. Il faut absolument une relève.

Et là, on veut bien croire que les prières à saint Joseph des anciennes et des anciens sont entendues : le jeune professionnel Samuel Nault accepte de relever le défi. Tout au long des années 1920 et 1930, des années très difficiles sur le plan économique, il va se dévouer corps et âme à l’Union.

Non seulement la grande fête annuelle du pique-nique est maintenue, mais grâce à Samuel Nault, un projet extraordinaire finit par voir le jour en 1936. Il s’agit de la publication de l’histoire de la Nation métisse.

Une fois de plus, le groupe resté fidèle à Riel veut montrer que l’histoire officielle racontée dans les manuels scolaires n’est que de la propagande du gouvernement, un tissu de mensonges qui ne correspond pas à la réalité.

L’effort de longue haleine pour réhabiliter la mémoire de Louis Riel est de nouveau mis en suspens par la Deuxième Guerre mondiale, qui a commencé en 1939. À la fin de la guerre en 1945, l’Union doit à nouveau faire face à un grave problème de direction, car entre temps, Samuel Nault est décédé accidentellement. Les anciens, comme Roger Goulet, Guillaume Charette ou Camille Teillet sont maintenant bien trop âgés pour relancer l’organisation.

Heureusement, grâce à l’aide du prêtre et historien Antoine d’Eschambault, l’Union nationale métisse Saint-Joseph reprend vie en 1951. Le curé de Saint-Émile fait appel aux familles qui fréquentent sa paroisse pour trouver des meneurs. Il faut, à ce stade de la déjà longue histoire de l’Union, saluer l’engagement de la famille Bruce, en particulier d’Azarie Bruce et de son plus jeune frère Jos Bruce.

En outre, dans les années 1950 et 1960, les femmes commencent à devenir plus actives sur la scène publique, comme Yolande Schick, la fille de Camille Teillet. Une autre fille d’anciens, Ida Carrière née St-Germain, a été un pilier de l’organisation pendant bien des décennies, mais en coulisses. Dans les années 1960, le monde change. L’ancienne tradition des pique-niques ne résiste pas à la modernité.

Toutefois, l’Union garde toute sa raison d’être. Lorsque Jean Allard prend la présidence en 1965, c’est avec un objectif bien précis en tête : il veut qu’on reconnaisse officiellement le rôle de Louis Riel comme père du Manitoba dans le cadre du centenaire de la province, en 1970. Il atteint son objectif en 1971, avec l’érection si controversée de la statue de Marcien Lemay sur le terrain du Palais législatif. Celle-ci se trouve maintenant sur le campus de l’Université Saint-Boniface.
 

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