Les enfants de Yuki, après deux ans d’université au Manitoba, ont chacun à leur tour, à trois ans d'intervalle, consacré une année entière à étudier le japonais à l’Université Tokai au Japon et à s’entraîner avec son réputé club de judo, les deux, de façon intensive. Nous vous présentons les écrits combinés de leur journal de bord respectif, lesquels seront parfois émaillés de notes rétrospectives et d’échanges sur leur expérience.
28 mai 2012
Hisashiburi (Ça fait un moment)
Cela fait environ une semaine et demie que j’ai écrit pour la dernière fois... pardon. Il n’y a rien eu de nouveau vraiment, juste la même vieille routine : étudier, travailler et essayer d’insérer tout le reste entre les deux. Voici pourtant quelques faits saillants depuis la dernière fois que j’ai écrit :
1) Nous avons travaillé sur quelques graphiques en classe. Nous avons chacun choisi un thème (j’ai choisi des étiquettes nutritionnelles, que les gens les regardent ou non et pourquoi), nous avons formulé des questions, interviewé des étudiants, puis créé des graphiques à partir des résultats. La première fois, nous avons interviewé d’autres étudiants internationaux de notre classe. Mais cette fois, nous faisons des graphiques sur les étudiants japonais afin de pouvoir comparer les résultats avec ceux des étudiants internationaux, qu’il y ait des différences ou non. Nous avons été envoyés à la cafétéria pour interviewer des Japonais qui mangeaient ou étudiaient. C’était un peu effrayant au début d’avoir à approcher des Japonais qui me sont inconnus, de me présenter et ensuite d’expliquer le projet. Mais au fur et à mesure que ça avançait, ma confiance grandissait et je ne me sentais plus du tout timide. Au début, je n’ai demandé qu’aux gens qui étaient assis seuls (moins intimidants), mais vers la fin, je me suis approché des tables où il y avait quatre ou cinq personnes. C’était vraiment amusant de leur poser des questions et de noter leurs réponses. Ils pouvaient me comprendre et je pouvais les comprendre! C’est formidable de voir à quel point je me suis améliorée et tout ce que j’ai appris depuis que je suis ici.
2) Ma colocataire et moi avons complètement réorganisé notre chambre. Nous avions fini par nous lasser de la disposition de notre chambre, alors nous avons décidé de tourner les lits sur le côté, de les rapprocher de la fenêtre, puis de réorganiser les bureaux et les étagères en conséquence. Parfois, un petit changement donne une toute nouvelle perspective.
3) Tokai a participé à une compétition par équipe dimanche. Les filles se sont classées deuxièmes, les qualifiant pour participer à la prochaine compétition par équipe à la fin du mois de juin, qui sera encore plus grande et plus difficile. Les compétitions par équipe ici sont presque plus importantes que les compétitions individuelles. Au Canada, nous n’avons jamais de compétitions par équipe. Mais ces compétitions sont intéressantes à regarder parce que parfois le but d’un combattant n’est pas « de gagner », mais « de ne pas perdre ». Et ça implique de la stratégie parce que selon les combattants de l’équipe adverse, les entraîneurs sélectionnent les athlètes qui, selon eux, auront de meilleures chances.
Maintenant, je vous avertis que la prochaine fois que je vais écrire sera probablement la semaine prochaine. Nous avons notre test de mi-semestre lundi prochain, qui comprend tout ce que nous avons appris jusqu’à présent. Puis, le lendemain, nous pouvons enfin nous détendre parce que nous avons une excursion. Nous allons voir du kabuki, une forme de théâtre japonais, puis nous allons visiter les studios de NHK à Shibuya. J’aurai donc beaucoup de choses à écrire après cela. Mais d’ici là, mon nez sera enfoui dans des livres et des papiers, et ma tête remplie de caractères kanji et de règles de grammaire. Ah, la beauté de la langue japonaise. 🙂
31 mai 2012
Réchauffement au Japon
Il fait tellement chaud au Japon en ce moment!! Je transpire juste en restant assise dans ma chambre, et ne me parlez pas des séances d’entraînement : elles sont insupportables avec la chaleur. Je m'y suis un peu habituée, mais durant les premiers jours, tout mon visage était rouge de chaleur. Je bois de l'eau autant que je peux, mais une seconde après avoir avalé, ma bouche redevient sèche. Les courses du matin sont devenues un peu plus courtes maintenant, en raison de la chaleur. Et ce n'est que le début. Il va encore faire beaucoup plus chaud. Je ne pensais pas que les températures plus froides du Manitoba me manqueraient, mais c’est le cas. Les -45 °C ne me manquent pas vraiment... mais je m'ennuie des journées fraîches d'été.
8 juin 2012
Kabuki et NHK Studio Park
Hier, tous les étudiants du programme de langue japonaise Bekka ont eu une journée d'excursion. Le semestre dernier, nous étions allés à Hakone, mais cette fois, nous sommes allés voir du kabuki et avons visité le NHK Studio Park.
Photo de classe devant le théâtre de kabuki
Le kabuki est un drame japonais classique. Les acteurs sont tous des hommes, les rôles féminins joués par les hommes aussi, grâce aux costumes et à un excellent maquillage du visage. Je m’étais imaginé que le kabuki était simplement du jeu, mais les acteurs dansent et chantent aussi. Et il y a plusieurs choses qui se passent en même temps sur la scène. D'un côté de la scène, il y a un joueur de shamisen (un instrument à trois cordes ressemblant à une guitare) et un chanteur. Sur la scène, il y a les acteurs qui jouent leurs rôles. Mais pendant la représentation, le chant, les mélodies shamisen et les paroles des acteurs s'entremêlent parfaitement, ce qui démontre bien les heures interminables qu'ils ont dû pratiquer pour arriver à cette perfection.
Avec mes camarades Wan (à gauche) et An (à droite)
À l'intérieur du théâtre
L'ensemble de la représentation était en japonais, mais pas un japonais parlé normal, un japonais plus archaïque et compliqué que même les Japonais ordinaires ont du mal à comprendre. Pour aider le public à comprendre, on pouvait louer des écouteurs pour obtenir des explications en japonais ou en anglais. Cependant, notre séance ne durait que 1 h 15 et ça coûtait environ 9 $ pour louer une paire, alors j'ai décidé de ne pas le faire cette fois. Et je n'ai rien compris. Je ne pouvais même pas distinguer les mots. J'ai donc pas mal perdu mon intérêt parce que je ne pouvais pas comprendre ce qui se passait. Je me suis même endormie à quelques reprises... Je n'étais pas la seule. Pour ma première expérience de kabuki, c'était quand même intéressant et j'ai maintenant une bonne idée de ce que c'est. Et, dimanche prochain, je vais revoir du kabuki, cette fois avec ma tante. On va devoir louer des écouteurs pour que ça en vaille la peine.
Ensuite, après avoir mangé le contenu d’une boîte à lunch japonaise (saumon, poulet, riz, soupe, quelques légumes), nous sommes allés visiter le NHK Studio Park à Shibuya. (NHK est l'organisme national de radiodiffusion publique du Japon.)
Ça semble peu, mais on est rassasié après.
Le NHK Studio Park m’a un peu déçue, je m'attendais à un superbe studio où l’on voit comment les spectacles sont enregistrés, quel équipement est utilisé, etc., et je m'attendais aussi à ce que ça soit en anglais pour une raison quelconque. Mais tout était en japonais. Pour beaucoup de Japonais, enfants et adultes, qui ont grandi en regardant les programmes et les émissions de télévision de la NHK, c'est un endroit formidable. Il y a des récapitulatifs de spectacles pour enfants, des jeux, des profils d'acteurs célèbres qui sont apparus sur NHK, et bien d'autres choses. Mais pour nous, étudiants internationaux, cela n'a pas autant de sens. Et parce que tout est en japonais, eh bien, c'est un peu difficile à comprendre.
La visite terminée, nous avions le choix de retourner à l'université en autobus ou d’y retourner par nos propres moyens. J'ai décidé d’aller magasiner parce que je n'ai pas souvent la chance d'aller à Shinjuku et à Harajuku, les deux principaux quartiers commerciaux. J'ai trouvé des vêtements d'été mignons et aérés (désespérément nécessaires parce qu'il fait si chaud maintenant) puis j'ai pris le train pour Shinjuku. Mais permettez-moi de vous dire, Shinjuku et moi ne nous entendons pas. Je me perds toujours, peu importe à quel moment ça semble être clair dans ma tête. Comme je l'ai déjà écrit, quand mon frère est venu, j'étais censé lui faire visiter Shinjuku, mais il a fini par être mon guide touristique. Mais je m'y suis habitué. Au lieu de stresser, je me détends maintenant et continue à marcher jusqu'à ce que je voie un point de repère familier : « Hmmm ... Je pense que cela me semble familier, allons-y ». 😉 Ma grand-mère soupire juste quand je lui raconte mes aventures. En japonais, le mot maigo est utilisé pour décrire un enfant perdu ou errant. J'ai dit à ma grand-mère que je ne deviens pas seulement un maigo de temps en temps, mais que je suis une maigo. Je ne sais pas s'il y a de l'espoir pour moi... mais je ne pense pas que cela puisse vraiment empirer, alors je dois accepter de vivre dépourvue du sens de l’orientation. Ça existe d'ailleurs. Je viens de trouver un article avec le titre « Les gens dépourvus du sens de l’orientation n’ont pas de boussole interne ». Ouais, c'est moi, ça.
Après environ 30 minutes de marche délibérée, j'ai finalement trouvé les magasins que je cherchais. Puis je suis rentrée à la maison en toute sécurité. Au moins, le système ferroviaire est maintenant assez clair pour moi.
13 juin 2015
La vie à Yokohama!
La semaine dernière, je suis allé rencontrer un ami à Yokohama. Ce n'était pas exactement Yokohama, mais c'était dans la région. Nous sommes sortis pour manger et faire du magasinage (ma première fois cette année; oui, oui... Je sais que j'ai rompu ma promesse.). Je ne crois toujours pas à la chance que j'ai de voir ce genre de ville s'illuminer au fil de la journée.
La nuit, la ville est époustouflante, éclairée par les lumières des milliers de magasins.
Sur le chemin du retour, juste en face de la gare, il y avait un homme assis qui jouait de la guitare. Dès que je l'ai entendu, j'ai exhorté mon ami Arisa à venir le voir avec moi.
Ce gars ne jouait pas de la guitare de manière traditionnelle. Il l'avait posé sur ses genoux et jouait de l'instrument avec les deux bras. Il l'utilisait également comme un tambour, tapant un rythme incroyablement rapide qui allait de pair avec sa technique de doigté sophistiquée.
J'ai vraiment apprécié son style de musique, alors j'ai fini par acheter son CD. Je pense que c’est très important de soutenir les artistes, car je sais à quel point c’est difficile d'être un artiste en devenir. Et qui sait? Il pourrait bien être le prochain Ed Sheeran.
Parlant d'Ed Sheeran, il a présenté un concert hier soir à Winnipeg. C'est quelque chose auquel j'aurais vraiment voulu assister, car c’est mon artiste préféré. Mais je suis ici au Japon, à travailler dur. Ha ha!
Mais de toute façon, j'aime vraiment le CD du guitariste! Voici un hyperlien vers l'une de ses chansons.
Je suis à peu près sûr que c'est ce que j’ai entendu ce soir-là, mais il l'a joué un peu différemment.
Bonne écoute!