Les enfants de Yuki, après deux ans d’université au Manitoba, ont chacun à leur tour, à trois ans d'intervalle, consacré une année entière à étudier le japonais à l’Université Tokai au Japon et à s’entraîner avec son réputé club de judo, les deux, de façon intensive. Nous vous présentons les écrits combinés de leur journal de bord respectif, lesquels seront parfois émaillés de notes rétrospectives et d’échanges sur leur expérience.
19 juin 2012
Adaptation culturelle
C’est incroyable les choses auxquelles on s’habitue. Le corps humain est fait pour s’adapter aux environnements les plus extrêmes. D’accord, mon environnement n’est pas vraiment extrême..., mais je me suis quand même habituée à certaines choses depuis que je suis ici :
1) Je me suis habituée à ce que les gens s’appuient contre moi dans le train et s’endorment presque sur mon épaule. Je suis aussi devenue cette personne. J’ai l’habitude de me réveiller plusieurs fois et je finis toujours par donner des coups de coude à mes voisins par accident.
2) Les mots « typhon » et « tremblement de terre » font désormais partie de mon vocabulaire quotidien. En fait, il y a un typhon au Japon en ce moment même. Il a commencé à Okinawa et s’est rendu sur l’île de Honshu. Nous ne sommes pas dans le pire, mais le vent souffle (en produisant des sifflements vraiment spectaculaires) et il n’a pas cessé de pleuvoir depuis cet après-midi.
3) Les Japonais ne se ressemblent pas tous. Il est vrai qu’ils ont plusieurs traits très similaires. Quand j’ai commencé à m’entraîner au club de judo, les filles me semblaient toutes pareilles. Mais maintenant que j’ai appris à les connaître, elles me semblent très différentes les unes des autres.
Je suis certaine qu’il y a beaucoup d’autres choses sur lesquelles je pourrais écrire..., mais je suis fatiguée, alors vous devrez attendre la prochaine fois. 😉
Le 23 juin 2012
Compétition interuniversitaire japonaise des équipes de judo
L’équipe de Tokai a participé à la compétition interuniversitaire japonaise aujourd’hui. Depuis des semaines, les athlètes sélectionnés s’entraînent rigoureusement et se préparent pour ce grand jour. Il y a quelques années, Tokai avait remporté la première place à ce même tournoi. Mais depuis, l’équipe n’a pas été aussi forte et n’a pas réussi à reconquérir ce titre. Cette fois encore, malheureusement, ils n’ont pas réussi. Ils se sont rendus aux demi-finales, s’inclinant face à la même équipe que l’an dernier. C’était donc un peu décevant pour tout le monde, à mon avis.
Les athlètes se sont alignés pour le premier match.
Pour le tournoi, les filles ont fait confectionner ces t-shirts sympas.
À l’avant, la partie « kai » de Tokai.
Et à l’arrière, la première syllabe «To »
ainsi que le slogan « Champions again ».
Sur une manche, il y a quatre kanji. Ils sont très difficiles à lire, même mon père a eu de la difficulté. C’est Kanimaiou (かんいまいおう), ce qui signifie apparemment (selon Internet) : avancer vers un but en malgré la difficulté.
Sur l’autre manche : TJJ35 qui signifie Tokai Joshi (filles) Judo, le 35 représente les 35 filles du club.
Le 26 juin 2012
Traduction japonaise sur Google et deuxième coupe de cheveux
Google est un outil incroyable. Cependant, je tiens à vous mettre en garde contre l’outil de traduction. Je travaille en ce moment sur un discours en vue d’un concours d’éloquence. Et bien sûr, le discours doit être en japonais. Donc, pour commencer, j’ai écrit mes idées en anglais, puis je les ai traduites en japonais. J’ai parfois utilisé l’outil de traduction Google pour m’aider lorsque je n’étais pas certaine. Et laissez-moi vous dire que Google a une version toute personnelle du japonais.
Pour les phrases simples, pas de problème.
Je suis allé à l’école hier. --> Traduction sur Google : きのう、学校にいきました。 (Bien sûr, vous ne pouvez pas lire cela, mais ça signifie la même chose que ce que j’ai écrit en français.)
Cependant, pour les phrases plus complexes, il propose des phrases bizarres..., mais parce que je ne comprends pas encore tout, même si je sais que ce n’est probablement pas correct, je ne sais pas comment le dire correctement, alors j’ai juste copié-collé ces phrases telles quelles dans mon discours. Et quand j’ai demandé à ma colocataire de m’aider à corriger mon discours, elle a ri de quelques phrases qui n’avaient aucun sens. Donc, je voulais juste vous prévenir, Google Traduction (ou tout autre outil de traduction) peut être très utile. Mais parce qu’on ne peut pas toujours traduire littéralement le sens d’une phrase d’une langue à une autre, des phrases très intéressantes (peut-être le début d’une nouvelle langue! 😄) apparaîtront, alors péchez par excès de prudence s’il vous plaît.
* * *
Dimanche, je suis allée avec ma colocataire dans un salon de coiffure, pour ma deuxième coupe de cheveux au Japon. Il commence à faire si chaud maintenant et mes cheveux sont particulièrement épais et lourds, alors j’ai pensé qu’il valait mieux les couper un peu plus court pour les journées d’été humides qui s’en viennent. Et voici le produit final :
La longueur totale est plus courte, et j’ai aussi une frange pour la première fois, une partie de cheveux légèrement plus courte à l’avant de mon front (pour ceux qui ne savent pas ce que c’est qu’une frange). J’ai également fait amincir mes cheveux, c’est-à-dire que le coiffeur a utilisé des ciseaux sculpteurs pour effiler les cheveux en trop. C’est vraiment beaucoup plus léger. Le coiffeur était sympa et a pris le temps d’écouter ce que je voulais. Dans l’ensemble, j’en suis assez satisfaite et j’aime vraiment me faire couper les cheveux au Japon. Je trouve que les coiffeurs sont plus compétents et réfléchissent davantage à la façon dont ils abordent la coupe. Au Canada, il m’est arrivé de voir ma coiffeuse être distraite ou de parler de son petit ami à une autre coiffeuse pendant toute la coupe.
Le moment opportun
Opportun – qui convient au temps et au lieu, propice. (Antidote)
La décision d’étudier au Japon pendant ma troisième année d’université était l’idée de mon père. Il a jugé qu’il valait mieux que je m’habitue d’abord au système universitaire plutôt que de prendre l’avion pour l’autre bout du monde juste après l’obtention de mon diplôme d’études secondaires. Peut-être n’était-il pas encore prêt à me laisser quitter le nid... et je n’étais pas prête non plus.
C’était une bonne décision. J’ai terminé deux années à l’Université de Winnipeg. Ma première année a consisté en des cours d’introduction générale. J’ai également suivi un cours d’introduction au japonais pour me préparer à mon voyage au Japon. Puis, au cours de ma deuxième année, après avoir suivi un cours d’introduction à la kinésiologie (et être tombée amoureuse de tout ce qu’est la kinésiologie), j’ai décidé que je voulais devenir entraîneuse personnelle pour aider les gens (des personnes âgées aux personnes en surpoids en passant par les athlètes de haut niveau) à atteindre leurs objectifs grâce à l’exercice et à la forme physique.
Ces deux années m’ont aidé à décider ce que je voulais faire dans la vie. Au cours de ces deux années, j’ai aussi beaucoup amélioré mon japonais afin de ne pas être complètement désemparée à mon arrivée au Japon (même si je me sentais quand même assez désemparée). Elles m’ont également permis d’acquérir une certaine culture générale qui s’est avérée utile dans mon cours de japonais ce semestre.
Par exemple, dans chaque chapitre de notre livre, nous avons un texte à lire. Les sujets sont très variés. Quand j’ai commencé à lire la leçon no 7, je me suis dit « Oh non, c’est encore un texte ennuyeux et difficile à comprendre ». Mais après quelques paragraphes, j’ai réalisé que le texte portait sur la théorie de l’attribution de Weiner, quelque chose que j’ai étudié dans mon cours d’introduction à la psychologie lors de ma première année d’université. Cela m’a donc donné un avantage sur les autres étudiants parce que je comprenais bien la matière. Puis, dans la leçon no 9, le texte parle du dopage sanguin, une méthode illégale utilisée par les athlètes pour augmenter leur endurance en augmentant leur nombre de globules rouges (les globules rouges absorbent et transportent l’oxygène dans tout le corps), quelque chose que j’ai appris dans mon cours d’introduction à la kinésiologie. Encore une fois, le fait de l’avoir étudié au Canada m’a permis de comprendre plus facilement le texte.
Donc, en conclusion, je suis convaincue que je suis exactement là où je devrais être. Le moment est venu pour moi d’être au Japon.
Mercredi 27 juin 2012
Perdu... et trouvé!
Lorsque vous perdez quelque chose dans un lieu public, les chances de le retrouver sont généralement minces. Mais au Japon, je pense que ces chances sont bien meilleures. J’ai entendu des histoires de gens qui ont oublié leur portefeuille dans un grand magasin, puis qui y sont retournés quelques jours plus tard et l'ont retrouvé. Au Japon, il y a un système bien huilé. Lorsque quelqu’un trouve quelque chose, il l’apporte généralement au poste de police le plus proche, qui contactera alors le propriétaire (si un nom est écrit) ou attendra que le propriétaire le contacte. Lorsque vous trouvez quelque chose au Canada, il n’y a pas d’endroit particulier pour les objets perdus.
L’autre jour, j’ai perdu la clé de mon vélo. Elle est attachée à un petit porte-clés magnétique. Je n’ai pas vraiment d’endroit prévu pour lui, alors il alterne entre la poche de ma veste, ma boîte à lunch ou une petite sacoche. Quoi qu’il en soit, à la fin de la journée, alors que je m’apprêtais à déverrouiller mon vélo, je me suis rendu compte que je n’avais pas ma clé. Je suis revenu sur mes pas, mais je ne la voyais nulle part. Je suis immédiatement allé au bureau du bâtiment no 8 (où je suis tous mes cours) pour demander si l’on avait apporté une clé aujourd’hui, on m’a répondu que non. Je suis donc rentrée chez moi à pied.
J’ai une clé de rechange, donc ce n’était pas vraiment un problème. Contrairement à une amie que je connais qui a perdu à la fois sa clé de rechange et sa clé parce qu’elles étaient sur le même porte-clés (cela défie vraiment le sens de clé de rechange, n’est-ce pas), étant intelligente, j’ai gardé la mienne dans mon bureau à la résidence (dit la fille qui pensait qu’elle était un génie quand elle a trouvé une méthode pour ne jamais oublier sa combinaison de casier : l’afficher DANS son casier). Mon frère ne me la laissera jamais oublier, celle-là.
Je voulais vraiment retrouver ma clé d’origine. Si je perdais la clé de rechange, j’aurais des ennuis. Et, comme mon frère utilisera probablement mon vélo dans trois ans, ET parce que mon frère perd souvent des choses, j’ai pensé qu’il valait mieux avoir au moins deux clés. J’allais donc aller en faire une copie plus tard cette semaine, juste au cas où.
Cependant, aujourd’hui, je me suis présentée au bureau au troisième étage du bâtiment n° 1 parce qu’on m’a dit d’aller y jeter un coup d’œil. Et elle était là!! Dans une boîte, conservée dans une vitrine verrouillée, avec d’autres objets qui avaient été trouvés cette semaine-là. Je pense que j’ai fait flipper la dame du bureau parce que j’étais tellement heureuse de l’avoir trouvée. Je m’étais presque résignée au fait que je ne la trouverais probablement pas..., mais je l’ai trouvée!
20 juin 2015
Le sommet est maintenant derrière moi
Ayant déjà franchi la moitié de mon deuxième semestre, des idées de retour à la maison ont maintenant commencé à surgir dans mon esprit. Mes achats de produits de soins personnels et de nettoyage, tels que le shampooing, le détergent à lessive, etc., doivent maintenant être bien planifiés. Je dois commencer à préparer mes adieux. Je dois aussi
commencer à effectuer un lâcher-prise sur ce monde de magie et de mystère dont je fais partie depuis un an.
Quand je repense à tout cela, je suis passé par tellement d’émotions ici. J’ai dû prendre tellement de responsabilités par moi-même, dont la plupart pour la première fois, ce qui a vraiment éclairé mon chemin : ce que je veux faire, ce que j’aime faire, et les choses qui me sont moins importantes. À ce stade, tout va trop vite et je suis parfois un peu mêlé, mais je pense que l’une des meilleures choses de ce voyage est justement cela. Ça me force à mettre de l’ordre dans mes pensées et à vraiment décider de ce que je veux faire.
En ce moment, je continue à suivre mon cours tout en faisant une petite pause dans le judo. Je vais essayer d’y réfléchir, de tout considérer et d’aller vraiment au fond de mes propres pensées.
« Sans douleur, il n’y aurait pas de souffrance, sans souffrance, nous n’apprendrions jamais de nos erreurs. » - Angelina Jolie